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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/28

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ENTRE DEUX CARESSES

— Il te fait la cour, Séphardi ? reprit enfin Fanny Bloch.

— Parfois… Mais de façon si féroce, si agressive, que cela me met en méfiance quant aux affaires de Bourse qu’il mène avec Georges.

— Tu vois loin…

— Je désire voir loin. Au fond je me trompe sans doute dans mes points de départ.

— Certes. Je ne crois pas Séphardi capable de mener ton mari à une catastrophe rien que pour te vaincre. Cela, sans diminuer en rien l’affection que Séphardi te porte sans doute.

— Évidemment, Fanny. Le désir de m’avoir entre deux draps ne peut pas faire sacrifier cinquante millions à cet homme froid et dominateur qui paraît n’avoir aucune faiblesse. Mais il y a tellement de trucs et de ressorts cachés dans les affaires de haute finance ! Souviens-toi de Barthely. N’est-ce pas sa femme qui dut payer de son corps une échéance de trois millions pour laquelle on avait mené à la faillite cinq débiteurs qui méritaient mieux.

— Ton mari n’est pas Barthely. C’était un individu sans morale ni préjugés.

— Un banquier est un banquier, Fanny. La banque est un jeu, et, comme tel, cette activité passionne l’esprit plus que tout autre métier. Cela met donc en mouvement les ressorts les plus féminins de l’âme masculine. D’où…

— Tu raisonnes trop. Dans l’existence il faut se laisser aller un peu. À quoi bon prévoir tant et