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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/48

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ENTRE DEUX CARESSES

s’y entassaient, énormes et verruqueux, parmi les lianes en vrille, dans une sorte de magma végétal. À terre couraient d’étranges bestioles polychromes et des serpents minuscules aux nuances ignobles, pareils à des suintements de pus.

Alors, d’un buisson sabré surgissait un étrange individu : un homme vêtu d’une sorte de bourgeron jaunâtre et déchiqueté.

Les jambes étaient couvertes de toiles serrées par des cordes. Sur la tête, l’inconnu portait une façon de chapeau en paille à bords usés… Il tenait à droite un sabre court, et à gauche un gourdin courbé. Attaché aux épaules par des cordes, un sac lourd et étagé se voyait.

Il regarda soigneusement le sol autour de lui, et, du bâton, fouilla la terre. Une souche le requit. Il y vint et s’assit pesamment… Il levait une tête creuse et fatiguée, où les muscles soulevaient directement la peau. La barbe était sale et courte, les maxillaires se contractaient spasmodiquement. Une extraordinaire noblesse ressortait pourtant de ce masque dur, farouche et impassible. Le regard clair et fixe, la pose des mains sur le manche du sabre et sur le lourd bâton, la cambrure orgueilleuse du torse, et une expression de volonté indéfectible disaient sans doute des efforts prodigieux, mais aussi la réussite…

La réussite de quoi ?… Mais Jeanne vit sur le côté gauche du bourgeron sale une tache de couleur qui avait être un numéro de drap cousu : Un forçat…