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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/50

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ENTRE DEUX CARESSES

comment pouvait-elle croire s’être reconnue ? Une grande femme mince et blonde, soit, mais il y en a tant, et la mode unifie si bien les corps, même les visages… Elle cherchait, pour se rassurer, une explication scientifique. Ce devait être une projection de cinéma, mais faite dans l’air. La chose ne semble pas absurde au premier coup. La couche d’air est une réalité. En somme, elle peut servir à former des images… À preuve le mirage… Cette fois, Jeanne reconquit le calme. Le besoin de se rassurer, la force spontanée d’optimisme de cette jeune femme, à laquelle tout souriait dans la vie, et cette idée surtout, du mirage suffirent à effacer en elle les traces de l’extravagante aventure.

Une amie venait au devant d’elle.

— Bonjour, Sophie !

— Bonjour, Jeanne.

— Où vas-tu de ce pas agile de Diane fuyant Actéon ?

— Au nouveau dancing, rue Boissy d’Anglas.

— Cela se nomme ?

— Suburre.

— Allons-y ! Je ne t’embarrasse pas ?

— Il s’en faut. Nous y verrons Tennis-Barlesse, qui me parlait de toi l’autre jour.

— Que disait-il ?

« Elle ne vadrouille donc pas un peu dans ce genre de boîtes, la femme de Mexme ? »

— J’ai répondu que ça ne t’amusait pas et