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Page:Renee-dunan-entre-deux-caresses-1927.djvu/82

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ENTRE DEUX CARESSES

en un tourne-main passer d’une opinion à l’opposite. Mexme n’en dormait plus.

Séphardi, assuré de l’appui de la haute banque juive, et nanti de formidables étais politiques, portait plus allègrement ce faix que son associé, passé sans transition d’une paisible et bourgeoise responsabilité, au rôle d’Atlas tenant un monde sur son dos.

. . . . . . . . . .

Jeanne Mexme devinait son mari accablé de soucis. Mais, comme il semblait jaloux de les garder pour soi, elle faisait mine de se désintéresser des Pétroles et ne lui demandait jamais de renseignements.

Blanc-Simplaud, qui cultivait pour elle une sorte d’amour platonique, avait tenté de l’informer du danger que courait Mexme sous un fardeau aussi colossal, avec, comme seule puissance effective son talent de financier et des garanties matérielles représentant la centième partie des fonds dont il avait la gérance absolue. Mais Jeanne aimait son mari, tout en nuançant cet amour de quelque mépris hautain. Elle ne voulait savoir ce qui concernait son foyer que de son mari seul. Aussi coupait-elle la parole au député lorsqu’il faisait mine de mener la conversation sur le domaine interdit.

Séphardi était pour elle tous les jours plus aimable et souriait. Il dépensait une fortune par an rien qu’en fleurs et en confiseries offertes à la femme de son ami. Il n’allait pas à vingt kilo-