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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

J’appelle ma mère au téléphone d’appartement. Elle n’est pas là. Mon père est au Palais. Mais alors… je suis, non seulement sauvée, mais à l’abri des soucis intérieurs que pouvait donner mon voyage d’exploration. Ça, c’est de la veine… et je me mets à jongler avec les deux stylos retirés de la fameuse serviette jusqu’à ce que l’un d’eux roule sous un meuble où je ne le cherche pas…

Et maintenant voyons le texte de la « Composition Française » à livrer demain matin :

Lettre de La Pérouse revenu de son voyage durant lequel tous ses amis et matelots ont péri. Seul, il s’est sauvé et il vante le sacrifice que tous ont fait à la science de leur vie etc… etc…

Eh ben, mon vieux !…

Oh la ! la ! ce La Pérouse… Qu’est-ce qu’il a tant fait. Il est allé chez les sauvages… Moi aussi… Mais lui, ils l’ont boulotté… tandis que bibi…

Je regarde de près la jambe de mon pantalon. La dentelle a été lacérée comme si on avait tapé dessus avec un gourdin.

De la vraie dentelle du Puy !…

C’est qu’il m’a fait mal cette brute… C’est déjà bleu près du genou… Oui, mais…

Et, dansant autour de ma chambre, comme font les bonnes élèves d’Isadora Duncan, je chante un air de ma composition :

Les sauvages ont bien su
Lanturlu,
Prendre Kate
Par les pattes.
Ils ont pu la voiturer
Dans un escalier…
Même mettre en papillotes
Le genou de sa culotte,
Mais ils ont restés ballots,
Pour monter plus haut…