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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

tais pas. Moi, je me suis vêtue comme de coutume, je n’ai pas le sens du défendu…

Elle me regarde, nue, jolie et svelte. Blonde, son corps se détache sur ce fond où les verts et les ocres font un décor chaud et harmonieux.

Elle rit et me questionne :

— Et tes cheveux ?

— Tiens, c’est vrai, je n’y avais pas songé. Ça va être long à sécher après… Mais elle danse au soleil.

— Thérèse, j’y ai pensé pour toi.

Elle tire de sa jupe posée à terre deux petits bonnets de tissu caoutchouté.

Elle se coiffe.

Sa grâce est si délicate que je suis jalouse et me hâte d’être aussi nue. Ça y est. Je prends le second bonnet et le brandis en riant à faire retentir les berges…

Chut ! voyons si on t’entendait…

Je me coiffe. Nous nous regardons l’une l’autre.

— Lucienne…

— Thérèse…

— On y va ?

— Allons…

Et nous sautons ensemble dans l’eau de l’anse. C’est profond, c’est chaud et cela vêt d’un tissu de sensations d’une indicible ténuité. Nous laissons le premier étonnement superficiel disparaître et nous allons vers le débouché de la rivière.

— Qui passe la première ? Toi ?

— Toi ?

— Ensemble…

Et, côte à côte, nous franchissons le goulet. Je sens les détentes des muscles de Lucienne. Ce roulis qui nous jette l’une sur l’autre au gré des saccades d’avancée me plaît infiniment.