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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

geur ! Je m’y mets des deux mains, à genoux sur le sable, appuyant de toute ma vigueur. Puis, je la place sur le dos. Assise sur elle je frotte les épaules et les reins avec une énergie furibonde. Ah ! Lucienne, vas-tu te réveiller ?

Le dos est semblable à un homard cuit. Ma pauvre chemise n’est plus qu’une loque. Je remets Lucienne face au ciel… et…

La bouche me sourit. Elle se dilate. Je vois les dents apparaître et je me penche, à demi-abattue par la joie :

Thérèse !…

Je saute debout. Tout tourne autour de moi. Je lève les bras en l’air. Que sais-je ? J’entends la voix de Lucienne qui me dit imperceptiblement :

Thérèse, tu t’es blessée ?…

Et je vois le regard se poser sur mon corps. De la cuisse, près la hanche jusqu’au genou c’est une flaque de sang que j’ai dû, en frottant, écarter comme à plaisir. Lucienne tente de se mettre sur son séant, y parvient et redit :

— Thérèse, qu’as-tu ?

— Je n’ai rien, Lucienne, mais toi ?

— Moi ! Ça va bien… J’ai dormi ?

Alors je me jette sur elle et je l’embrasse éperdument.

Et elle me dit avec douceur :

— Prends garde ! Tu vas me mettre du sang…

— C’est fini, Hérodiade ?

— Fini !

— Il faut nous dire encore quelques menues choses…

— Quoi donc ?

— Tu t’étais gravement blessée ?

— Presque rien. Une branche de bois mort m’avait fait une estafilade. Cela saignait, mais il faut peu de sang pour faire de l’effet…