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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

sac. Et la paix fut signée entre Biquerine et Bragassac.

Aujourd’hui le père Biquérine est mort. Sa veuve est remariée avec un rasta de la suite de ma mère. Lucienne est partie avec son mari aux Indes Anglaises voici cinq ans, et ils ne sont pas revenus. Je ne sais ce qu’ils font là-bas.

— Et toi, tu n’as pas souffert de tes efforts pour sauver cette gosse ?

— Si, un peu !

— C’est une émotion singulière que celle-là. Évidemment il faut la comprendre avec une âme de jeune fille. Mais, enfin, la chose n’apparaît pas sans âcreté d’imaginer qu’on sauve de la mort une amie très chère.

— Mais pourquoi, Hérodiade, Lucienne te disait-elle :

« Prends garde, tu vas me mettre du sang ? »

— J’en étais couverte…

— Ah ! Ah ! Si tu ne nous avais pas dit que vous étiez chastes et inconscientes de tous jeux amoureux, j’aurais cru…

— Quoi donc ?

— Dame, ma chère, tu saignais, nous as-tu dit, de la hanche. On se demanderait volontiers par quelle marque d’affection tu risquais d’ensanglanter ton amie…

— Tu es fou…

— Il dit ça pour te faire protester…

— Nenni ! Je dis la vérité, mais elle eut été autre je ne la renierais point.

— Les hommes introduisent des images lubriques partout.

— Écoute, Ly, avoue que tout m’y entraîne. N’est-ce pas sous ta direction que ces petits fours ont été conçus ? Avez-vous remarqué à quoi ils ressemblent ?

— Oui, le Musée secret de Naples est maintenant chez les pâtissiers.