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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Ah ! cette fois nous allons entendre de belles choses…

— Elle a raison…

— Parfaitement…

C’est que, moi aussi, j’ai des exemples.

J’ai été toute une nuit le gibier pourchassé… J’ai vu cinq, dix, vingt hommes tourner vers moi des faces cupides et explosives.

L’exemple est primitif et n’a rien de si exceptionnel… L’aventure est quotidienne. Or, moi j’étais pauvre au degré, si je puis dire, parfait. J’aurais pu, comme Idèle cherchant les regards virils, consentir à me laisser… admirer. Je ne me prends aucunement pour un modèle de chasteté et je n’avais fait aucun vœu. Eh bien ! quand je rappelle cette nuit qui faillit être fort tragique pour moi et le fut à mes yeux pour d’autres, je refuse de laisser passer la croyance aux désirs incoercibles des femmes. Quant à la dignité méditée et correcte des désirs masculins, c’est une de ces imaginations risibles et cocasses…

— Tu vas fort !

— Mais les cochons sont innombrables. Et le propre de ce quadrupède, quand il est humain, est d’inventer des théories vaniteuses. Il fait tout subir à la femme écœurée. Ensuite il se plaint de ne pas pouvoir la satisfaire. Alors, irrité, il suppose des vices vertigineux destinés à le suppléer. Et en réalité la plupart de nous préféreraient vivre en dehors de ses appétits…

— Tu aboutis à une dangereuse impasse, Yva…

— Mais non. Vous abrutissez les fillettes de défenses et les jeunes femmes de licences. Vous voulez l’épouse éduquée de telle façon qu’à votre gré elle soit chaste comme une moniale à minuit moins cinq, mais puisse être animée de toute la ferveur corinthienne à minuit juste. Vous boule-