Page:Renee Dunan La Culotte en jersey de soie 1923.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Seul un auvergnat a été trouvé assez énergique pour ce boulot. Il vit près de la baignoire, il couche avec, il dépense quinze louis par mois pour acquérir la qualité de chiffons qui donne le lustre le plus parfait. C’est une baignoire qui coûte autant à entretenir qu’un château en Anjou.

Il disait encore :

Lisa fume avec Théophile Giboye le romancier. Cet imbécile feint d’aimer la drogue pour séduire une femme qui n’a aucun goût pour lui ni pour personne. Elle tire sur le bambou comme elle irait au Concours Hippique, par snobisme.

— Mais vous ?

— Moi, je suis pour elle une chère habitude. Et puis j’ai le goût du vice. Je suis l’estampe obscène qu’on cache mais qu’on admire bien plus que tous les Velazquez de la galerie d’Apollon. Enfin je coûte de l’argent. On préfère toujours ce qui coûte à ce qui rapporte, ne serait-ce que par intérêt. Car enfin ce qui coûte est seul à vous. Non ce qui rapporte. Et puis j’ai le prestige important devant toutes les actrices qui virent le jour dans des loges de concierge d’être un cavalier — je parle chevaux — d’assez belle prestance, encore que faire le centaure me semble posture bien ridicule. J’ai aussi diverses performances séductrices à mon actif. Je parle sports nobles, pas ceux qui feraient déroger un maçon, comme le boxing, le tango, ou la course en sac… N’allez pas croire que j’attribue d’ailleurs aucune importance à ces sottises. Je suis un homme vigoureux, capable de mettre une épée de n’importe quelle forme et dimension dans la panse de tous les pisse-copies des journaux, qui sont pourtant les derniers vrais dévots du coup de Jarnac. Mais cela, c’est pour me permettre de vivre comme il me plaît et même…