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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

Rien de mieux ! J’avais assez de cette errance au long des routes, de sanie en sanie. Je songeais au repas et à m’aller coucher.

Le cocher me fit à dîner. Il ne manquait pas de savoirs culinaires. Je mangeai fort bien et il me parut que, servie par cet homme, j’étais mieux à l’aise que je ne l’avais été la veille. Il était là sans cesse, remplissant mon verre sitôt qu’il était vide, prenant garde de desservir au plus tôt, tournant sans répit autour de moi et animant la vaste salle. Pourtant, à la fin, comme, amollie, je pensais boire quelque peu d’une des liqueurs qu’on m’avait apportées — cela devait être la consigne avec Tallurac — je sentis comme une respiration sur ma nuque. Agacée, je me levai. J’étais seule. Le cocher était retourné à la cuisine sans doute. Mais une gêne subite m’énervait sans raison.

Je fis quelques pas dans la pièce, songeant qu’il était bien tôt pour me coucher et qu’au sortir du repas cela n’était pas hygiénique.

Mais je ne pouvais aller me promener dans la nuit par les chemins de Saint-Come. Que faire ? Je pensai que dans l’antre médical de Tallurac il y avait un bibliothèque assez bien fournie où les ouvrages de médecine étaient le petit nombre. J’emporterais dans ma chambre quelques bouquins et le sommeil viendrait à son heure.

Je me rendis dans le cabinet de consultation. J’allumai la grosse lampe à pétrole qui servait de phare, et, la plaçant sur une étagère, je grimpai pour voir quels volumes Tallurac gardait aux sommets de sa « librairie. »

Il y avait ma foi des volumes anciens, dépareillés par malheur, qui n’étaient pas sans intérêt. Un roman de 1820, titré Les Secrets du Cabinet Noir, par Monsieur de Favrolles, ancien Capitaine de Dragons, me parut amusant à divers égards. Il comportait des eaux-fortes très élégantes et d’une