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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

prendre ma nouvelle vie. Voyez en quel état m’a mise cette randonnée… Il me répondit :

— Idèle, tant que nous ne serons pas égaux de par la loi que je méprise, mais qui est une force du fait des imbéciles, je suis votre serviteur. Commandez !

— Je ne voulais pas commander, mais il comprit que je diminuerais mes paroles précédentes à les expliquer, et me quitta. Il y avait le téléphone dans ma chambre et dix minutes après, nous étions liés à nouveau.

Le lendemain, à huit heures, il était là : Idèle, je n’ai pu engager des servantes, mais me voici.

Nous sortîmes presque aussitôt, car je craignais encore la menaçante intimité. À dire vrai, j’attendais d’y être propensée irrésistiblement pour me donner à lui. Je savais, je sentais, que ce serait bientôt. Il me devinait.

À trois heures, nous avions déjeuné près de la Madeleine ; il me laissa un instant pour aller aux nouvelles chez nos cousins Bartélay. Boniface Bartélay avait été secrétaire de mon père en Indo-Chine. Il devait être déjà informé de ce que pensait le bonhomme. Selon l’impression faite j’écrirais chez moi…

Gauthier revint fâcheusement impressionné. Le paternel me traitait de putain à tous les échos. Il allait jusqu’à dire que je m’étais donnée aux jardiniers de chez moi et offerte à ses amis. Aucune colère en lui. Il voulait seulement me fermer à tout jamais sa porte et que seule je prisse le parti de ne plus revenir.

Vous avez compris qu’il y avait là une affaire d’argent. Il touchait les intérêts d’une somme importante déposée en mon nom à la Caisse des Dépôts et Consignations et il pensait aussi confisquer mes droits sur des terres voisines appartenant à une tante centenaire.