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LA CULOTTE EN JERSEY DE SOIE

L’autre s’éloigna.

Ce nouveau personnage, robuste, sans gêne, affairé, représentait un genre d’homme que je n’avais pas encore entrevu. Il me regarda de près, et me demanda ce que je faisais en ce lieu. Je lui expliquai ce qui était advenu et que j’étais secrétaire d’un commerçant, sans expliquer s’entend, le métier de Tsarskaia. Il me dit alors que, si je voulais remplacer mon travail par un autre, il me ferait entrer comme femme de chambre chez une amie à lui. Il me donna une carte pour me présenter. Je la pris avec les marques les plus fermes de conviction et m’empressai d’oublier l’amie de cet important personnage. Je sus plus tard qu’elle n’existait pas ou plutôt qu’il s’agissait simplement d’une maison de rendez-vous. Vous avez entendu parler de ces repas imités du temps des Borgia, où l’on est servi par des femmes nues, lesquelles sont également prêtes à diverses sortes de sacrifices… Eh bien, c’était cela, le rôle de « femme de chambre » que me proposait le sous ministre…

Peu après cette aventure, Pacha-Lourmel me fit dire de me trouver, bien vêtue, à onze heures du soir en un café désigné. Là, il me prit dans sa voiture et me mena, après une petite promenade d’une heure, dans un restaurant de nuit.

C’était une révélation pour moi que ces boîtes là. Je m’y amusais fort. Aussi, tous les deux ou trois jours, la tournée recommença-t-elle. Je rentrais à trois heures du matin chez moi et à neuf heures j’étais à mon bureau. Il fallait avoir l’âme chevillée au corps pour tenir cette vie sans dormir tout le jour sur mes correspondances. D’ailleurs, Pacha-Lourmel ne se permettait toujours aucune privauté. Nous conversions tous deux de choses indifférentes et il avait seulement fini par me consulter sur toutes questions qu’il ignorait et que