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— C’est fini ! dit enfin le gaillard qui commençait lui-même à ne plus se reconnaître dans l’infinie complication de ses chiffres et de ses notules.

— Je me rhabille ? demanda Zine qui ne désirait plus que partir.

— Oui ! nous allons dîner.

Le dîner coupa heureusement les travaux scientifiques de John Mac Floggin. Des serviteurs nègres, et qui semblaient muets, servirent un festin abondant dont l’enfant, l’appétit aiguisé, se trouva bien. Cependant l’astucieuse Zine ne se souciait plus de recommencer sous les lampes à arc nocturnes à se faire examiner médicalement comme le voulait faire maintenant le savant érotomane. Comment agir pour couper à cette corvée ? L’idée du thermomètre placé où il faut durant l’amour lui semblait à la fois cocasse et réfrigérante.

S’adonner au plaisir, ou, du moins, au geste qui généralement y mène, avec tout un attirail d’instruments savants lui semblait une idée si bouffonne qu’y penser suffisait à la faire esclaffer. Mais l’Américain tenait à tout ça. Comment le lui faire oublier, sinon en l’excitant assez pour qu’il délaissât ses fantaisies scientifiques et se laissât aller à faire la même chose que n’importe qui. Il est vrai qu’il semblait bien froid, mais on verrait à l’échauffer…

C’est pourquoi, le dîner fini, Zine, assise devant lui, se mit à boire une tasse de café en inspectant son partenaire. Comment le remuer ?

Elle dit :

— J’ai visité quelques magasins de New-York sans y trouver les choses à la mode. C’est curieux.

— Comment ? dit l’autre, ému dans son orgueil national, la mode du monde, c’est nous qui la faisons.

— Mais non, dit Zine, Tenez, une chemise-enveloppe, fermée comme celle-ci, vous ne connaissez pas cet article-là.

Elle montrait, avec un art que la pénombre rendait capiteux, ce que d’elle-même elle supposait propre, ainsi