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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/104

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Puis, comme l’homme, ahuri, ne bougeait toujours point :

— Allons ! Houste ! Prends tes habits, ta batterie de cuisine, si tu veux, et va-t’en ! Tu ne vas pas rester planté là comme un bœuf qui rumine !

Alors Ratsimba appela le petit boutou qui le servait d’habitude, l’esclave d’un esclave. A eux deux, ils emportèrent des habits, des lambas, des couvertures, des pots et des marmites, une hache et un couteau : l’homme prit aussi, dans une corbeille, sous de vieilles hardes, avec un tremblement dans les mains, un pot de terre rouge fêlé, dont le fond était plein de piastres, avec du riz par-dessus. Dans le crépuscule qui tombait, ils s’en allèrent vers Tananarive, le petit suivant le vieux, groupe lamentable et symbolique, tandis qu’à l’occident des lueurs cuivrées semblaient des reflets d’incendie sur le rouva d’Ambouhidratrimou.

L’esclave se rappela le jour où on avait brûlé les dieux, là-haut, par ordre de la reine. Il se souvint que ce soir-là aussi, il était rentré tristement, en tournant le dos à l’horizon rougeâtre, et dans son esprit s’affirmèrent les mystérieuses correspondances entre les deux journées funestes. Il s’en fut au quartier d’Antanimena, demander l’hospitalité à des gens qu’il connaissait. En un coin de leur enclos, une petite case en terre crue, inoccupée, avec un toit à demi effondré, lui fut offerte. Par lassitude,