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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/107

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LE BOURJANE


Ralahy le bourjane goûtait à Tananarive, après un long voyage dans le Sud, les ineffables douceurs de la paresse. Du soir au matin et du matin au soir, il dormait, mangeait aux heures habituelles, jouait au fanorona et surtout s'assoyait : pendant des heures il demeurait immobile, dans la lumière fulgurante des midis joyeux, ou dans la tiède clarté des soirs reposants, enveloppé de son lamba et le visage à demi couvert : telle une poule accroupie, la tête sous l’aile, dans le sable rouge. Il aurait voulu continuer toujours cette existence de béatitude ; parfois il songeait avec envie aux bêtes, qui jamais ne se donnent de peine, aux Oiseaux-Blancs, haut perchés sur leurs longues pattes, qui gravement marchent sur les digues des rizières et picorent auprès des bœufs, aux caïmans visqueux allongés sur les bancs de sable brûlants, aux cochons noirs vautrés dans la boue fraîche. Lui-même n’aurait-il pas pu naître chez les peuples qui méprisent et détestent le travail ? Il se rappelait ses voyages dans