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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/109

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avoir offensé les Razana, les pères de ses pères, qui, depuis l’âge immémorial, ont engendré les mâles de la race ; il fit vœu d’aller au Tombeau-des-Ancêtres et d’immoler, en expiation, un coq rouge, dont il suspendrait la tête et les pattes à une baguette, près de la pierre levée. D’ailleurs les Razana devaient être contents de lui : sur le salaire qui lui avait été payé à son retour, dix piastres avaient été prélevées pour acheter un lamba rouge en soie landibé, et, à la cérémonie du retournement des morts, il avait pieusement roulé l’étoffe précieuse autour du cadavre de son père, puis l’avait liée des sept liens rituels. Il songeait aussi qu’il serait temps bientôt d’acheter un suaire pour le jour de sa propre mort, afin qu’il pût entrer glorieusement dans le tombeau de la famille. II pensa donc à repartir de nouveau. A vrai dire, il était déjà las de rester en place. Chaque fois qu’il rentrait, il revoyait avec une sorte d’enthousiasme, au soir de la dernière étape, se profiler de très loin sur le ciel la haute montagne tananarivienne et le palais de la reine se dresser, forteresse symbolique, sur toutes les rizières et sur toutes les collines de l’Imerina. Les premiers jours passés dans la ville étaient roses et gais, comme des matins clairs. Après les étreintes sans lendemain des femmes Betsimisares ou Antankares, hôtesses complaisantes d’une nuit, après les temps de disette amoureuse chez les Sihanaka