Aller au contenu

Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Dieu est parce qu’il est, affirma le Coq-sans-queue d’un ton péremptoire.

Et il ajouta, bien qu’il ne sût pas le latin, cet aphorisme qu’il avait retenu pour l’avoir rencontré maintes fois au cours de ses lectures :

— Credo quia absurdum.

— Ralahy n’a pas compris les mots qu’a dits le vazaha. Si le vazaha veut expliquer au pauvre bourjane, Ralahy essaiera de comprendre.

— Tu ne crois pas, répliqua l’autre, que je vais entamer avec toi une discussion théologique ?

C’étaient encore des mots trop difficiles pour Ralahy. Il attendit donc que le Coq-sans-queue voulût bien parler plus clairement. Mais celui-ci, agacé, mit fin à la conversation par cet argument définitif :

— Et puis, tu m’embêtes ! Fous le camp, nom de Dieu !

Il ajouta d’un ton mi-sérieux, mi-plaisant :

— Tu vois bien que l’Andriamanitra existe, puisque je jure par son nom.

Après avoir prouvé par cette parole mémorable l’existence de Dieu, le vazaha rentra dans sa case.

Cependant Ralahy triomphait sans modestie et montrait toutes ses dents en un large sourire. Depuis ce jour il témoigna un mépris profond pour les croyances religieuses des vazaha. Il affectait même d’appeler leur dieu par dérision Andriamaimbo (