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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/125

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LA FEMME DU MILICIEN


Ratsimba le milicien roulait en son cœur de tristes pensées ; il songeait avec amertume à sa femme Bao : le matin même il l’avait surprise, au moment où le gouverneur Ranarivelou, de sa main rude, lui caressait le sein. Il n’était pas jaloux au sens où l’entendent les Occidentaux : c’était un Betsileo naïf, et il jouissait de la chair des femmes sans arrière-pensée chagrine. Bao, quand il l’avait rencontrée, avait appartenu à beaucoup d’hommes ; de l’union qu’il avait contractée avec elle, aucun enfant n’était né ; il était donc probable que leur mariage, conclu à la mode malgache, ne durerait pas longtemps. L’amour, à Madagascar, est comme les citronniers sauvages : il porte toujours, avec ses fruits, des fleurs nouvelles, sans se soucier des saisons.

Mais, au village d’Antanambao, chez les Betsimisaraka, Bao la Sainte-Marienne, avec son teint clair, son nez busqué, ses yeux profonds ombrés de cils épais, paraissait plus désirable que toutes les filles