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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/137

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Ranarivelou comprit qu’il fallait s’exécuter et accepta la transaction. Il s’en fut chez lui, fit une visite secrète à son trésor et revint avec les cinquante francs. Il les remit à l’administrateur, avec cette expression à la fois obséquieuse et impassible que savent garder les Houves dans les circonstances les plus difficiles. Le chef du district déposa sur un coin de la table la pile des pièces, en les faisant sonner les unes sur les autres, et dit :

— Ratsimba, et vous, Foukounoulouna d’Antanambao, je suis venu ici pour que justice soit faite. Ranarivelou est coupable : il portera la peine des violences exercées sur Bao. C’est Ratsimba lui-même qui va décider. Ranarivelou lui offre dix piastres, en compensation du tort qu’il lui a fait, et à condition que la plainte soit retirée. Ratsimba est libre de refuser les piastres. Alors la plainte suivra son cours et Ranarivelou sera puni par le fandzakana.

Sûr d’avance du choix, il se tourna vers le milicien et lui montra l’argent. Les yeux convoiteurs de Ratsimba luisaient en regardant les piastres, et dans le coin de la case, la figure de Bao rayonnait d’un légitime orgueil.

— Merci, monsieur l’Administrateur, je retire ma plainte, dit l’homme en tendant la main.

Il s’en fut avec les cinquante francs, en souhaitant que sa femme eût l’occasion de subir maintes fois des