Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/142

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du mot ; elle était très contente de son vazaha, ne l’eût point volontiers quitté pour un autre. Elle le trompait de temps en temps avec des mâles de sa race à elle, qui criaient d’amour en malgache et comprenaient toutes ses pensées. Mais elle ne croyait pas mal faire : sa mère, selon le proverbe, ne l’avait pas mise au monde pour un seul homme, et la nuit tout est permis, quand on ne vous voit pas.

La jeune femme avait donc promis à Berlon de se remettre avec lui dès son retour à Tananarive, s’il y revenait, et même l’avait supplié, sans grande conviction, de ne pas partir. Elle n’était pas allée jusqu’à lui jurer fidélité pendant son absence ; c’eût été d’une bouffonnerie inadmissible même avec un vazaha ; quand il la questionnait avec une sorte de rage sur ce sujet délicat, elle riait, ou elle se contentait de répondre avec les formules chères aux Malgaches : — Peut-être. — Que sais-je ?... je ne puis pas dire… Et elle ne pouvait s’empêcher de trouver un peu fou l’amant qui posait de pareilles questions. Mais elle ne le lui disait pas, car il ne faut pas contrarier les lubies des êtres singuliers que sont les blancs.

Berlon partit pour France, un matin de mars, à cinq heures. Il faisait un temps assez désagréable, presque de saison froide. L’erika, le brouillard humide, tombait comme au mois de juillet, et les rares