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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/150

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elle se décida pour son ancien amant, beaucoup par crainte d’interminables querelles, un peu par un sentiment d’affection fondé sur de vieilles habitudes.

Renouard fut dans la consternation : il ne pouvait se consoler à l’idée de perdre sa maîtresse, et il sentait les obscures raisons pour lesquelles son rival était préféré. Lui-même s’était considéré toujours comme l’amant momentané de Zanamanga, dont Berlon était le légitime propriétaire. Il essaya d’obtenir la promesse de futurs partages, mais la ramatou s’y refusa obstinément : comme dit le proverbe malgache, une femme ne peut pas porter sur sa tête deux cruches à la fois.

Berlon avait chargé Zanamanga de louer en son nom leur ancienne case demeurée vacante, d’y installer quelques meubles laissés chez elle, d’engager un boutou, un cuisinier, une maramita ; il rentrerait ainsi chez lui comme s’il n’avait jamais quitté Tananarive, ni sa ramatou, et il lui serait plus facile de ne pas penser à ce que celle-ci avait pu faire pendant huit mois. Elle demeura très affairée, pendant une semaine, par tous ces préparatifs, et s’installa dans son futur chez elle, au grand désespoir de Renouard. Il aurait voulu la garder jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière minute. Il éprouvait un véritable chagrin, puéril dans ses manifestations. Ce colonial de trente-cinq ans, anémié