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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/152

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et quelques chiens circulaient parmi la foule malgache, immobile et silencieuse. Zanamanga et sa maman, drapées dans leurs lambas, ne bougeaient pas plus que deux statues blanches. La rusée ramatou avait renoncé pour ce jour aux colifichets d’Europe et repris le vêtement des ancêtres, car elle savait ainsi paraître plus simple et séduire davantage son amant. On entendit la corne de l’auto ; un ronflement sourd monta de la rue et soudain la grande voiture surgit, à toute allure, décrivit une courbe, se rangea près du trottoir. Berlon descendit un des premiers ; il serra en hâte quelques mains, et d’un regard anxieux fouilla la place encombrée ; un de ses collègues, devinant sa pensée, lui toucha le bras et du geste indiqua le bazar Bonnet. Au coin de la grande maison à coupole, Berlon vit deux silhouettes blanches, debout près d’un pousse à la capote relevée. Il les reconnut toutes deux, l’une surtout, si familière et si chère ; sans plus voir personne, il marcha vers elles, il dit vite bonjour, en malgache, à sa belle-mère et aux bourjanes, les mêmes qu’il avait eus à son précédent séjour ; puis, prenant Zanamanga par la main, il monta dans le pousse. L’équipe, excitée par l’espoir du cadeau de bienvenue, partit au grand trot, le long de la rue Amiral-Pierre, pleine de monde : c’était un dimanche, jour de courses ; le tout Tananarive allait à l’apéritif-concert, chez Martel.