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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/182

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plus d’ombre, ils l’avaient percé de leurs deux sagaies, au moment où il déterrait quelques ouviala pour s’en nourrir. Ensuite ils avaient scié sa tête avec leurs antsy ; ils venaient toucher en échange les cent piastres promises. En même temps l’un d’eux découvrait la soubika et en tirait une tête exsangue qu’il tendit au blanc à bout de bras par une des touffes de cheveux crépus roulés en boule à la mode sakalave. Voyant le mouvement de recul instinctif du vazaha, il la déposa sur la table. Challage regardait successivement la tête et les deux meurtriers ; ni l’une ni les autres ne lui inspiraient confiance ; il ne s’agissait pas de payer cinq cents francs un faux Boutoumoura. On demanda aux Sakalaves de fournir des preuves de l’identité de leur victime; à toutes les questions ils répondirent seulement d’un air têtu et hébété :

— C’est lui Boutoumoura ! C’est lui Boutoumoura !

De guerre lasse, le capitaine appela deux soldats européens qui avaient vu de près le célèbre Fahavalou. D’abord ils furent affirmatifs, le reconnurent, puis ils hésitèrent, ne voulurent plus prendre la responsabilité d’une affirmation aussi grave ; après tout, ils ne l’avaient aperçu que très peu d’instants, dans des circonstances tragiques ; l’expression de ces traits détendus par la mort était bien différente de celle d’un bandit en train de défendre