il regarda la seconde tête, trouva qu’elle ressemblait extraordinairement à la première. Les deux soldats se montrèrent de plus en plus perplexes. L’indigène devait ignorer la première histoire, car il aurait risqué gros à venir offrir sciemment une deuxième tête de Boutoumoura. Sans doute il tâchait naïvement d’escroquer cent piastres. On lui donna dix francs pour se débarrasser de lui après tout, la tête apportée était fort probablement celle d’un Fahavalou.
Puis Challage se plongea dans des réflexions plutôt maussades. Il était sûr d’avoir été volé ; peut-être allait-il recevoir encore d’autres têtes de Boutoumoura. Il regrettait d’avoir écrit trop vite au commandant du cercle. Son rapport était parti. Qu’adviendrait-il, si le chef des Fahavalou reparaissait ?
Boutoumoura en effet reparut. Il brûla un village, puis un autre. Il blessa un sergent européen en reconnaissance à deux kilomètres du poste, tua un tirailleur sénégalais. Les Malgaches chuchotaient qu’il avait envoyé lui-même par deux de ses hommes une tête quelconque ressemblant à la sienne, et qu’il avait touché la prime offerte pour sa propre mort.
Quelques jours après, le capitaine Challage, dont le temps de séjour expirait, reçut l’avis que la prolongation sollicitée par lui n’était pas accordée. Il avait