européens, abrités derrière des éboulis de pierres, ouvrirent le feu contre des formes noires, qui bondissaient déjà sur la pente, à la poursuite des fuyards. La première salve les arrêta net ; comme ils hésitaient, un grand Sakalave surgit juste au-dessus des Français ; debout sur la crête rocheuse, il semblait donner des ordres aux Fahavalou, et, avec des gestes de mépris, criait des injures aux vazaha. C’était Boutoumoura ! Le lieutenant, bon tireur, saisit le fusil d’un des Malgaches tués et visa longuement le chef des insurgés : le coup partit ; Boutoumoura battit l’air de ses bras et tomba en arrière, la poitrine traversée. L’ennemi aussitôt disparut ; mais quand les tirailleurs furent revenus et qu’on se mit à sa poursuite, on ne trouva plus rien, que des traces de sang sur la crête des rochers. Les Fahavalou, selon leur coutume, avaient emporté leurs blessés et leurs morts. Surtout ils n’avaient pas voulu laisser entre les mains des vazaha le cadavre de leur chef. Bouloit, comprenant l’importance qui s’attachait à sa découverte, fouilla en vain les environs pendant deux jours.
Cependant la nouvelle de la mort de Boutoumoura s’était répandue; le charme qui protégeait les rebelles semblait brisé. Deux fois ils se laissèrent surprendre : décimés, ils se dispersèrent. La répression, maintenant, était facile. Le lieutenant fit saisir dans un village quelques hommes qui, convaincus