de Beverou qu’un Sakalave d’assez mauvaise mine demandait à le voir pour une affaire importante. L’homme fut introduit : hâve et maigre, couvert de sales haillons, il avait l’air d’un mendiant. Il déclara qu’il était Boutoumoura, le chef fahavalou ; il avait passé pour mort quatre ans plus tôt ; aujourd’hui il venait se rendre aux vazaha.
L’administrateur avait entendu raconter maintes fois cette histoire devenue légendaire. Mais quelle idée ce revenant avait eue de reparaître ! D’abord, administrativement, il était mort ; un officier avait même obtenu la croix pour l’avoir tué. Puis que signifiait cette soumission en pleine paix ? Une telle affaire ne pouvait qu’attirer des ennuis. Un chef rebelle qui se rend, cela suppose une rébellion. Quelle vraisemblance que cette rébellion fût vieille de quatre années ? Les journaux de l’opposition, ceux de la Métropole, allaient s’emparer de l’incident : troubles à Madagascar… soumission d’un chef sakalave… Qu’allait dire le gouverneur général ?
Décidément il fallait renvoyer ce bandit à sa brousse. D’autre part qu’adviendrait-il, si cet ancien rebelle levait une troupe ? Ç’avait été un homme très dangereux dans son temps. Et l’administrateur regardait avec étonnement l’espèce de bourjane miséreux, debout devant lui, dernier des grands Fahavalou.