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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/190

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case en terre beaucoup plus confortable que sa grotte de Besakoua, recevait tous les jours une ample portion de riz ; sous la condition de répondre le soir à un appel, il pouvait flâner à son aise toute la journée. Le sous-officier qui commandait le poste, montrait avec orgueil aux étrangers, de passage à Tsindzouarivou, le fameux chef rebelle du Beverou, qui avait fait échec deux ans aux colonnes françaises, et de sa main avait tué deux Européens, un Chinois, deux Sénégalais et un nombre respectable de Malgaches. Les gens contemplaient avec stupeur cet homme sanguinaire, en train d’arroser des brèdes ou de tresser une corbeille en zouzourou. D’aucuns s’étonnaient qu’on n’eût pas récompensé les exploits de ce chef de bande par douze balles Lebel, au lieu de le considérer comme un héros défenseur de sa patrie et d’en faire, par humanité, un prisonnier politique. Mais l’esprit chevaleresque de notre nation a parfois des exigences que le bon sens ne comprend pas.

Au bout d’une année, comme l’insurrection était devenue tout à fait de l’histoire ancienne, on renvoya les Fahavalou dans leurs villages. Boutoumoura bénéficia de l’amnistie générale. Il retrouva, dans des cachettes connues de lui seul, bon nombre de piastres mises de côté pour ses vieux jours ; il mena dès lors l’existence chère à tout Sakalave, qui consiste à ne rien faire que manger, boire, se reposer