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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/198

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que c’est mau-vais. C’était très bon pourtant. Mais je ne veux pas encore mourir : j’ai trop de bœufs et trop de femmes.

— Combien as-tu de femmes ?

— Soixante-quatre. Mais il y en a beaucoup de vieilles, qui ont dépassé vingt-cinq ans, et avec qui je ne dors plus. Maintenant elles pilent le riz et elles écrasent du tabac. J’en ai trente jeunes et jolies. Je te les montrerai. Elles me servent à manger, dix par dix ; chacune arrive en portant un plat sur sa tête ; quand j’ai fini, elles dansent toutes, enveloppées dans des lambas de soie, les danses des ancêtres. Lorsque je m’ennuie trop, je fais venir ma mère, qui est très vieille : elle a vécu plus de quatre-vingts fois douze lunes. Elle n’a plus de dents et elle est toute cassée. Je lui ordonne de danser comme faisaient les femmes de son temps. Alors elle se trémousse d’une façon ridicule, en bavant et en frappant le sol en cadence de son bâton, et moi, je ris à perdre haleine. Je te la ferai voir aussi… Mais toi, combien as-tu de femmes ?

— Je n’en ai qu’une. Il est fady pour les vazaha d’avoir plus d’une femme…

— Alors tu en changes souvent, pour ne pas dormir avec la même.

— J’ai parfois des vadikely, seulement elles ne vivent pas dans ma maison, ce ne sont pas vraiment des épouses, mais plutôt des amies de passage.