Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/215

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inclus dans les Cornes-liées-du-Bœuf-rouge. Les hommes mariés, porteurs de leurs oudy, armés de fusils et de sagaies, s’accroupirent en un large cercle autour de la place, pendant que les jeunes gens, dans l’espace libre, se livraient deux par deux au jeu du Ringa : ils faisaient ce jeu tel que l’avaient transmis les Anciens, préludaient à la lutte, avec les mains ouvertes, par de lentes et nombreuses passes ; puis c’était à qui saisirait son adversaire en l’étreignant par la taille, et, le soulevant de terre, le précipiterait sur le sol d’un seul coup. Et les esprits des morts d’autrefois, réunis autour du sampy, étaient tout joyeux de voir la force et l’adresse de leurs descendants.

De jeunes garçons soufflaient dans les conques de guerre ou frappaient à coups redoublés sur les halamena recouverts de peaux de bœuf tendues. Les hommes tiraient en l’air des coups de fusil, choquaient les sagaies contre les boucliers de bois dur ; pendant les intervalles de silence, on entendait les voix des femmes de la tribu qui, dans les cases closes, chantaient les incantations rituelles.

Six bœufs rouges, aux fronts marqués de taches blanches, furent amenés devant l’estrade. Les jeunes gens se ruèrent sur ces bœufs, et, sans les attacher, les immobilisèrent, les touchèrent sur le sol, puis les hommes arrivèrent pour les percer de leurs sagaies. Quand ils furent morts, on mit du feu sous les