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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/223

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et s’accroupirent autour de la natte où gisait le vieux roi, dans l’attente de ce qu’il allait dire : sans doute il désignerait son successeur, il distribuerait des troupeaux et des villages à sa famille, à ses amis ; ou bien encore il raconterait les choses merveilleuses vues à Tananarive, il répéterait les paroles envoyées aux Bara par le grand chef des Vazaha.

Impouinimerina fit signe qu’on lui soulevât un peu la tête ; on mit aussitôt sous sa nuque un paquet de lambas roulés ; le vieux chef regarda les assistants de ses yeux caves, brûlés de fièvre, comme pour épier sur les visages anxieux l’adhésion aux ordres qu’il allait donner. Puis il parla ainsi :

« Dans peu d’heures, j’irai rejoindre mes ancêtres, Andriamamounou et tous les chefs qui ont régné sur les Bara. Or écoutez ce que je vais vous dire et placez mes paroles dans vos cœurs. Vous voyez ces trois dames-jeannes de toaka (et ses yeux se tournèrent, pour ne plus le quitter, vers le coin de la case où il avait fait ranger les dames-jeannes). Elles sont pour moi, pour moi seul. Nul autre que moi ne doit en boire, tant que je vivrai, et après que je serai mort. Quand mon souffle se sera envolé, je vous ordonne de n’y pas toucher, personne, pas même toi, mon fils, mais vous les verserez sur moi, toutes. »