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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/228

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le vent ne trouvait même pas à agiter des feuilles, rien ne remuait. A peine, de temps en temps, quelques tortues à haute carapace, dérangées par la caravane, regagnaient précipitamment le fourré ; une fois un gros maky, dont on distinguait le museau pointu et les petits yeux brillants au milieu d’une masse de fourrure blanche, regarda curieusement les bourjanes, sans se déranger, comme s’il n’avait jamais vu d’homme. L’administrateur mit la main sur le fusil accroché à son filanzane, puis réfléchit qu’il pouvait être imprudent de tirer. Chez les primitifs on ne sait jamais si le corps des animaux ne sert pas de provisoire demeure aux ancêtres de leurs frères humains ; de vilaines bêtes, comme les caïmans, abritent quelquefois l’âme d’anciens rois ; des Européens ont éprouvé de sérieux ennuis pour avoir tué quelqu’un de ces singes de Madagascar, de ces lémuriens au nez pointu, à la belle queue d’écureuil que les indigènes appellent familièrement « petit grand-père ». M. l’Administrateur s’abstint donc, après réflexion, de tirer sur un possible ancêtre des Antandrouy, logé pour une existence animale, sous forme de maque, dans un palais de cactus.

A ce moment le guide Antandrouy avertit qu’on approchait de Bemadilou. On franchit un seuil rocheux, au delà duquel s’étendait une large plaine toute verte, avec des bouquets de tamariniers ; çà et