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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/231

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les vols de bœufs, mettre un terme aux enlèvements de femmes, faire tomber la pluie.

Les bœufs étaient, avec les fusils, les sagaies, et les puits d’eau boueuse, la seule richesse au pays. Quand des Fahavalou venus à l’ouest de chez les Mahafaly, ou à l’est de chez les Antaisaka, enlevaient le troupeau d’un village, c’était la ruine, la famine, l’impossibilité de payer l’impôt.

Les femmes, parties au loin avec leurs cruches pour chercher de l’eau, souvent ne rentraient pas. Guettées par des gens d’autres tribus, elles étaient enlevées ; parfois même elles suivaient volontairement un jeune ravisseur, et les vieux chefs surtout se plaignaient de cet état de choses.

Mais la grande misère de l’année, c’était le manque d’eau. Depuis plus de dix lunes, il n’avait pas plu ; presque tous les puits étaient taris. En vain les oumbiasy de la région, d’autres plus célèbres venus de chez les Antaimourou, avaient fait les rites habituels, agité l’eau trouble des dernières mares avec des baguettes de sakoua, sacrifié à Radzaroubé des bœufs blancs tachés de noir. Rien n’avait réussi : la terre était sèche jusqu’au cœur des rochers. Depuis longtemps étaient épuisées les dernières provisions ; on n’avait plus à manger que les racines amères de la brousse et les fruits aigres des tamariniers, lavés et pétris dans la cendre. Mais les Vazaha étaient plus forts que tous les