Aller au contenu

Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la varangue, elle regardait, comme le jour où elle avait connu son destin, le grand manguier dans le jardin touffu. Déjà les mangues vertes étaient grosses comme des œufs. Elle comprit que le temps était venu. Pendant le dîner, elle dit au vazaha qu’elle irait le lendemain à son village natal, pour assister au sacrifice d’un bœuf en l’honneur des morts ancestraux. Or, dans les cases au bord des lagunes, on ne préparait aucun sacrifice, mais Ranirina, à peine débarquée, courut chez l’oumbiasy, le vieillard redouté qui connaissait les oudy et les fanafoudy, les secrets de la vie et de la mort. Elle avait emporté beaucoup de piastres pour tenter la cupidité du vieux. Il en exigea dix en échange de la substance qui fait mourir sûrement, sans que les vazaha puissent reconnaître les traces du poison. C’était un peu de poudre couleur d’ocre claire, l’écorce râpée de l’arbre rehiba, sur laquelle l’oumbiasy avait prononcé les paroles d’imprécation. La femme, de retour à Tamatave, en préparant le cocktail, la versa dans le verre de son amant. Rien ne se manifesta pendant dix jours, et Ranirina crut que l’oumbiasy l’avait trompée ; mais, le onzième jour, Schwarz, dans son bureau, fut pris d’une sorte de crise tétanique horrible ; il se roulait à terre en hurlant et crispait les mâchoires comme pour mordre. Le médecin appelé reconnut immédiatement les symptômes de la rage, et ne put ordonner