ne le distinguait pas sensiblement d’un administrateur ; il n’avait auprès de lui ni soldats, ni femmes, ni conseillers ; le moindre roitelet sakalave était certes plus imposant.
Kalou n’en revenait pas ; elle rentra toute songeuse. Mais les mauvaises impressions s’effaçaient vite chez elle. Quand ses suivantes lui demandèrent comment s’était passée l’entrevue, elle donna force détails suggérés par son imagination, et aussi flatteurs pour sa personne que pour sa dignité de reine.
Le gouverneur, en partant, avait recommandé au chef du district les plus grands ménagements envers Kalou. Toute la famille de cette reine avait une grosse situation dans le territoire sakalave ; il importait que la France continuât d’en bénéficier.
— Amusez-la, tant qu’elle restera chez vous, et faites qu’elle retourne satisfaite dans son pays.
Or, après le départ du gouverneur, Rochard songeait à la mission qu’on lui avait confiée : amuser Kalou. C’était à la fois facile et très difficile. La reine ne devait pas être exigeante en fait de distraction, encore fallait-il connaître ses goûts.
Le lendemain, dès sept heures, on la vit paraître à la Résidence, suivie de ses quarante femmes. Sous la longue varangue en terrasse, elles s’installèrent, la mpandzaka sur un fauteuil en zouzourou, les femmes et les parentes accroupies sur les dalles