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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/279

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était assurée. Il s’agissait de rattraper la voyageuse, d’engager la conversation avec elle ; ensuite c’était presque lui faire injure que de ne pas lui donner rendez-vous pour le soir.

Les distances se rapprochaient de plus en plus. Il ressentait cette espèce de joie physique qu’on éprouve dans les chasses à courre, quand la bête va être forcée : déjà sonnait dans son cœur l’hallali d’amour. Elle avait rouvert son parasol, balancé narquoisement au rythme du trot des bourjanes. Son lamba, aux plis un peu raides, était d’une blancheur immaculée ; sur un des côtés du filanzane débordait la ruche empesée d’un jupon. Toutes ces choses blanches et propres étaient d’un bon augure. Le vazaha imaginait des dessous de dentelles, de larges entre-deux découvrant à demi une jeune poitrine ferme et bronzée. A un moment la femme ramena son jupon avec le pied ; l’administrateur vit un bout de bottine noire, qui lui parut vernie. Le grand luxe pour une ramatou !

Il n’était plus qu’à une vingtaine de mètres en arrière : enfin il allait rejoindre le filanzane malgache, voir le visage de l’inconnue. Pourvu qu’elle n’eût pas l’idée, par coquetterie, de se dissimuler derrière son ombrelle, comme elles font souvent. Bah ! Puisque aussi bien il allait lui adresser la parole, elle serait forcée de se montrer pour répondre.

Soudain, dans un creux, on rencontra une petite rivière,