Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/31

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vers le Sud et nagea pendant deux jours et deux nuits. Puis ils arrivèrent à Nousivarika. L’homme rassembla tous ses parents pour leur raconter comment il avait eu la vie sauve. Les habitants du village firent de grandes pêches au bord de la mer ; tous les poissons qu’ils prirent, ils les donnèrent au Souroukay pour les manger ; ils nourrirent ainsi pendant une lune entière le sauveur de leur parent.

Ensuite le requin s’apprêtait à regagner les profondeurs de la mer, mais, avant de quitter la plage de Nousivarika, il parla en ces termes :

« Que maudit soit et que meure celui de mes enfants qui mangera les descendants de cet homme ! »

Puis il enfonça une de ses nageoires, sur le bord de l’île, au pied du rocher où tu es maintenant assis, vazaha ! et qui en ce temps-là était baigné par la mer. A l’endroit où il avait enfoncé sa nageoire, coula une source : c’est la fontaine qui est ici, près de toi.

« Si vous buvez de cette eau, dit-il encore, jamais les souroukay ne vous mangeront. »

Et il plongea dans la mer, pour gagner les récifs. Mon ancêtre Ratsimanoutou dit à son tour devant ses parents rassemblés :

« Que maudit soit et que meure, dévoré par les souroukay, celui qui pêchera ou qui mangera les descendants de ce poisson ! »