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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/311

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Le mur longeait un chemin peu fréquenté. De l’autre côté se dressait un talus assez raide, puis un terre-plein, vaguement cultivé ; au fond s’alignaient quelques cases malgaches, de pauvres cases en terre crue, couvertes de zouzourou. Sur le terre-plein, des femmes pilaient du riz ; à côté d’elles, sur le seuil d’une ouverture noire, d’où sortait un nuage de fumée bleue, une petite fille pouillait son jeune frère, cependant que sa sœur aînée étendait sur les buissons d’hibiscus des linges d’une propreté douteuse, souillés en quelque rêve puéril. Deux cochons noirs s’ébrouaient au milieu des enfants, les poules picoraient au bord du talus. Soudain un coq lança dans le matin son clair appel. Il faisait tout à fait jour ; le sommet isolé d’Ambouhidzanahary était baigné de clarté, tandis que la montagne projetait encore son ombre sur Mahamasina. La joie du soleil ressuscité fit couler des frissons d’attendrissement dans les membres courbaturés de M. Lefort. Il crut de nouveau à la sécurité, à la vie, au bonheur. Maintenant il était presque sûr d’avoir fait un affreux cauchemar. Tout le lui disait, la paix matinale des animaux et des choses, les allées et venues tranquilles des Malgaches indifférents à une servitude qui ne leur pesait guère.

Pour être tout à fait rassuré, il ne lui manquait que de voir un blanc, un vazaha comme lui, circuler