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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/313

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n’avait tout de même pas été pareille aux autres ; il n’avait pas rêvé ces lugubres appels des conques, ces voix de la Barbarie, évocatrices des scènes de massacre et d’épouvante. Il fit donc semblant de travailler à son jardin : au premier passant il posa la question qui lui brûlait les lèvres, et il sut enfin pourquoi il avait eu peur.

Sous la poussée des eaux, après les longues journées pluvieuses, les digues des rizières, le long de l’Ikioupa, avaient menacé de se rompre ; le Gouverneur avait ordonné de faire sonner les conques de détresse, pour avertir la ville du danger. Aussitôt, dans la nuit, les indigènes s’étaient précipités en foule pour consolider les levées de terre qui protégeaient leurs récoltes contre l’inondation.

Le soir, au cercle, M. Lefort se moqua des gens qui croyaient aux brigands, aux insurrections, aux Fahavalou : plusieurs envièrent, en eux-mêmes, sa tranquille confiance.