Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/39

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Un instant après, la théorie des ramatous traversa la route ; elles sortaient de l’ombre des Bois-Noirs et marchaient en file indienne ; elles étaient sept ; sans se presser, drapées dans leurs lambas multicolores, elles avançaient, sous la flambée de lumière du cercle, pour gagner le coin sombre de la varangue voisine, où les attendait le vazaha généreux. Les consommateurs de la terrasse, prévenus on ne sait par qui, s’étaient précipités, en bousculant les chaises, vers la balustrade, pour voir le défilé. Certains reconnurent les professionnelles de la galanterie indigène et dirent aux autres les noms. M. Destouches ne s’aperçut de rien, absorbé qu’il était par l’approche de son harem !

Sélam avait bien fait les choses : il présentait au vazaha de Tananarive un assortiment original et varié.

La première femme était une Makoua, descendante des anciens esclaves amenés de Mozambique : elle avait un nez large et épaté, une bouche violette, gercée, aux lèvres proéminentes, de grands yeux hébétés, avec un regard fixe ; les lobes de ses oreilles étaient hideusement déformés par de larges disques rouges ; ses seins en forme de poires tremblotaient, un peu flasques, sous l’étoffe du corsage, et elle se cachait maladroitement la figure sous un voile de crêpe jaune. Elle répandait un parfum de santal et de graisse rance. M. Destouches, dont la neura