Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/5

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Un après-midi elle était allée cueillir des feuilles de ravinala, de ces larges et longues feuilles qui, découpées en morceaux de toutes dimensions, servent aux Betsimisaraka de plats, d’assiettes et de cuillers. Elle en rapportait sur sa tête, à la mode malgache, une ample provision. Il était près de six heures : le ciel flamboyait à l’Occident des montagnes. Elle s’arrêta, un peu lassée, au bord d’un tavy, à la lisière de la forêt. La sente suivie par les bûcherons en retournant des hautes futaies vers le village passait par là : justement elle savait que Lahimainty était parti avec sa hache pour couper du bois ; Lahimainty était un jeune homme de sa tribu, à la taille haute, à la face large, et elle l’attendait afin de se livrer à lui.

Le soir tombait. Les pigeons verts, à grands vols bruyants, regagnaient leurs arbres accoutumés. Déjà on entendait l’appel strident des vouroundoulou et les gémissements plaintifs des singes nocturnes. La forêt exhalait une humidité chaude, lourde de parfums. Une orchidée laissait tomber, au-dessus de la tête de Iasitera, la cascade de ses feuilles vertes, pareilles à des algues, d’où jaillissaient deux longues tiges chargées de fleurs blanches. La jeune femme percevait au loin la retombée des pilons qui sourdement frappaient le riz dans les lôna creux. Puis les bruits humains se turent. Maintenant elle ne voulait plus retourner au village avant la pleine nuit,