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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/65

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l’excellent missionnaire, que la même Rasoua se rendait tous les soirs, à la nuit close, chez un adjoint des services civils. Il louait Patsa de repousser les hommages des jeunes hommes, et il ne s’apercevait point qu’elle était enceinte, fort embarrassée de savoir si son enfant serait métis ou malgache. Il croyait si bien son œuvre en voie d’accomplissement que déjà il se détournait un peu des femmes pour s’occuper de l’instruction chrétienne des tout petits. Il ne réunissait plus les ramatous que le dimanche ; ce jour-là il cherchait à les gagner de façon définitive par des sermons où il résumait son enseignement : il tonnait contre les filles qui recherchent l’œuvre de chair en dehors du mariage, contre celles qui se vendent à des vazaha pour porter des souliers, des boucles d’oreilles et des lambas de soie, contre les femmes qui, mariées, violent la sainteté du mariage en se prostituant à des amants.

Le matin, lorsqu’il se rendait seul au temple, ou le soir, quand il se promenait avec sa famille, le Révérend, fier des résultats acquis, pensait que son œuvre était bon. Il en parlait à Mrs Barklay, il lui faisait remarquer avec orgueil d’appréciables changements dans la tenue des ramatous, grandes et petites. Toutes, du plus loin qu’elles l’apercevaient, baissaient modestement les yeux, et, pudiques, drapées dans leurs lambas, passaient sans détourner la