Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/75

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petit enfant qui a peur de l’obscurité. Il ne savait plus quand il reverrait Ravô ; il attendait qu’elle se décidât à venir, du lieu inconnu qu’elle habitait, pour l’emmener. Un matin sa mère entra dans la pièce où il demeurait enfermé, et récrimina longuement, à la façon des vieilles. Elle parlait avec volubilité, d’une voix suraiguë et geignarde ; elle gourmandait Rafaralahy, comme s’il avait eu dix ans, s’exaspérait de son mutisme. Elle en vint à injurier Ravô, à maudire sa mémoire. Un homme, après tout, n’était pas fait pour une seule femme ; le plaisir qu’il avait pris avec la morte, il pouvait le trouver au-près d’une autre. Elle, sa mère, savait ce qui lui restait à faire. Elle partirait pour Imerintsiatousika, son village natal, berceau de leur famille, où ils étaient apparentés avec tout le monde. Là elle découvrirait une femme plus jeune que Ravô, aussi jolie : elle la ramènerait à son fils.

Elle fit comme elle disait, promettant d’être revenue le surlendemain. Elle ne s’en allait pas, la vieille, sans une angoisse profonde, car elle se doutait des choses étranges, inouïes dans leur race, que méditait son enfant. Elle savait qu’il avait foulé la terre, souillé l’eau du Vazimba, et elle redoutait la vengeance de l’Être. Le malheureux Rafaralahy était devenu adaladala ; qu’inventerait-il pendant son absence ?

Elle se hâta tant qu’elle put. Dès qu’elle parvint en