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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/81

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— Oui, c’est bien moi, répondit l’autre en excellent français.

— As-tu un permis de port d’arme ? demanda encore Villebois, qui ne voulait pas s’attirer d’histoires avec l’administration.

L’homme prit dans un pli noué de son salaka un tube de bambou et en tira un papier qu’il tendit :

— Le voilà. Si vous voulez vous assurer qu’il est en règle...

Il s’exprimait avec aisance et sans aucun accent malgache. Villebois étonné le regardait. D’instinct il abandonna le tutoiement :

— Mais qui êtes-vous donc ? Où avez-vous appris le français ?

— Je suis le fils d’une femme betsimisaraka et d’un colon français de Vatoumandry. Je porte le nom de mon père : Allevent. Je m’appelle Justin Allevent. J’ai été élevé à Saint-Denis-de-la-Réunion jusqu’à l’âge de quinze ans. Je faisais ma seconde au lycée Leconte de Lisle, quand mon père est mort, me laissant quelques dettes pour tout héritage.

Il était maintenant à deux pas de Villebois, qui le contemplait avec une curiosité mêlée de gêne. Son nez presque mince, ses lèvres moins épaisses que celles des Betsimisaraka trahissaient son origine métissée ; mais son teint, quoique relativement clair, était celui d’un Malgache de la côte, d’un de ces Antambahoaka qui