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Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/86

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aller préparer une coupe de bois dans la forêt, Villebois trouva l’étrange chasseur étendu de tout son long sur la légère charpente en bambou qui entoure les cases du pays. Couché sur le ventre et appuyé sur les deux coudes, il semblait rêver.

— Vous aimez vous reposer, à ce que je vois ?

— Chaque chose en son temps. Je n’imite pas la pintade qui court de côté et d’autre en poussant des cris. Je ne suis pas un vazaha inquiet et agité. Je veux ressembler au bœuf, qui, couché dans la haute prairie de verou, attend que l’ombre de ses cornes s’allonge et lui indique l’heure de rentrer au parc.

— Vous ne vous ennuyez pas, à ne rien faire ?

— Non. Je m’intéresse à beaucoup de choses que vous ne voyez pas, vous autres vazaha. Ainsi, tenez ! Cette abeille qui vient de passer près de vous et vole tout droit dans la direction du gros manguier, me montre le chemin à suivre pour trouver une ruche là-bas dans la forêt.

— Pourquoi n’allez-vous pas chercher cette ruche ? Je vous achèterais le miel et la cire.

— Je n’ai pas besoin d’argent en ce moment. Je ne suis pas comme la grosse fourmi noire qui s’épuise à transporter une sauterelle que son ventre n’est pas assez grand pour contenir. Et puis je jouis des journées heureuses que je dois à votre munificence. Deus nobis hæc otia fecit.