Aller au contenu

Page:Renel - La Race inconnue, 1910.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

armés de sagaies firent irruption dans le village. Les enfants se réfugièrent en criant dans la case. Déjà un des Fahavalou se dressait sur le seuil, brandissant sa lance. Le vieux grand-père de Ratsimba, assis sur un escabeau auprès du foyer, sculptait dans un morceau de bois tendre une image de bœuf, pour amuser les petits. Au bruit, il leva la tête : une ombre gesticulante interceptait le soleil sur le pas de la porte. Le vieillard étendit le bras pour saisir une hache, mais la sagaie vibra, et Ratsimba, muet d’horreur, vit le grand-père crisper les deux mains sur son ventre, puis s’incliner lourdement sur le côté, la figure convulsée, les yeux fixes, les doigts grattant la terre dans l’affre de la mort.

Déjà les étrangers s’étaient rués à l’intérieur, avaient lié deux par deux et emporté au dehors les enfants. Des cases violées sortaient d’autres hommes, avec des sagaies rouges de sang et des corbeilles pleines d’objets hâtivement entassés : ils traînaient derrière eux des petits et des femmes. Une nuit et un jour, on marcha sans s’arrêter : les Fahavalou portaient et tiraient tour à tour les enfants prisonniers ; les femmes captives avaient sur la tête le fardeau des soubika de butin, et, quand l’une d’elles, épuisée de fatigue, faisait mine de s’arrêter, ils lui piquaient les reins ou les jambes de la pointe d’une sagaie, comme on fait aux bœufs