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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

héritage, n’a laissé que le souvenir de son nom. Il fut père du Petit-fils-de-l’or, encore vivant aujourd’hui et père lui-même de la cinquième génération à partir du fondateur. Raoubène était neveu de celui-ci.

Il conta l’origine des cinq pierres commémoratives alignées au centre du Rouve. Celle du milieu, sorte de stèle rectangulaire d’un mètre de haut, avait été consacrée par le Seigneur-male-de-l’Or, le premier ancêtre, en mémoire de la fondation du village. À droite de celle-ci, une autre, de même hauteur et de forme conique, fut érigée par le Seigneur-qui-triomphe-de-mille, chef d’une autre famille, après qu’il eut réglé une dispute entre ses enfants à propos d’héritage. La pierre de gauche, presque enfoncée dans le sol, fut mise là par le conquérant Andrianampouinimerne, quand il eut pris le village. La quatrième fut érigée par le Seigneur-de-la-Colline-Rouge, lorsqu’il remplaça son père comme chef. La cinquième enfin commémore un jugement rendu, à propos d’une contestation de rizières, par le Seigneur-au-grand-héritage.

Haoubène ne se lassait pas de raconter, et l’orgueil des ancêtres brillait dans ses yeux. Claude regardait avec curiosité le descendant des Seigneurs aux grands noms, drapé dans sa toge blanche, et disant la geste de ses pères.

— Ainsi tes ancêtres ont été les maîtres d’Imérimandzak ?

— Oui.

— Et toi, aujourd’hui, qu’est-ce que tu fais ?