Aller au contenu

Page:Renel - La fille de l'Île-Rouge, roman d'amours malgaches, 1924.djvu/110

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

drinntsimandafik, il se fût senti possédé par l’Esprit de la race, et prêt aux enthousiasmes divins.

Le père de Zane, Maître-du-sacrifice, le pria de monter, avec quelques vieillards, sur la plateforme du tombeau, tandis que les femmes et les jeunes hommes se rangeaient dans l’enceinte du bas. Les vieux avaient apporta des branches touffues de l’arbre hasina et des épis de riz mûr qu’ils déposèrent sur la pierre sacrée. Ensuite le Maître-du-Sacrifice fit une prière muette : il élevait les deux mains réunies en forme de coupe, la paume en l’air, puis les ramenait vers la pierre sainte, en un geste d’oblation.

Les danses rituelles commencèrent. Deux hommes préludèrent, face à la pierre d’offrande, par des mouvements des pieds et des mains ; ils avançaient et reculaient, avec des inclinaisons et des voltes, tournaient sur un seul pied, le bras étendu, les doigts agités de frémissements rythmiques. Une musique étrange les accompagnait, le bruit sourd d’un ampoungue, tambour étroit et long, se mêlait bizarrement aux sons aigres de deux flûtes malgaches, et les femmes scandaient la mesure, en battant des mains et répétant indéfiniment d’un ton nasillard et sur un rythme ternaire la même exclamation.

— E, é, héé !… é, é, héé, é, é, héé.

— Les mains des danseurs se tordaient, se recroquevillaient, se levant et s’abaissant au bout des bras étendus et rigides. Les pieds battaient le sol à coups précipités, ou s’immobilisaient en d’étranges crispations, les doigts re-