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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

ondulée ; sur le flanc abrupt, la massive cathédrale aux deux tours prétentieuses flanquant une quelconque Notre-Dame en zinc ; sur la ligne de faite, le Palais du Premier Ministre, aux tourelles carrées, rose pâle, coiffées d’étranges clochetons bleus ; dans une petite dépression, l’ancien Palais de Justice malgache, d’un symbolisme curieux, avec ses entre-colonnes vides ouverts sur le ciel ; enfin, au dernier sommet, le groupe du Rouve, résumé architectonique de la Monarchie Imérinienne, la Maison d’argent au toit ardu, en étolles, avec l’Oiseau-Fort éployé sur son faîte, comme une aigle impériale, la Maison d’Argent qui paraît une humble case au pied du grand palais des Ranavalounes. Celui-là repose sur de massifs soubassements, et ses quatre tours de pierre regardent aux quatre points cardinaux jusqu’aux confins des six provinces, par delà les vertes rizières et les vagues pétrifiées des montagnes. À droite du Palais, l’humble hutte d’Andrianampouinimerne, pieusement conservée par ses descendants royaux, laissait paraître son haut toit de roseaux, terminé aux deux pignons par des poutres croisées en forme d’X. Et la flèche en pierre du temple anglican, construit par la grande apostate des cultes ancestraux, s’élevait non loin de la roche d’où furent précipités jadis, au temps des reines païennes, les premiers sectateurs du christianisme.

Saldagne et Berlier, dans la pure lumière de l’après-midi tropical, contemplaient avec ferveur Iarive-la-Belle ; les violets, les rouges et les