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LA FILLE DE L’ÎLE ROUGE

sœurs, trois bourjanes, sur les quatre, venaient de son village, ainsi que le porteur d’eau. Il se rappelait les longues conversations de Razane, le matin, avec des gens de la campagne, chargés de corbeilles ; les uns apportaient des poules, les autres des œufs ou des fruits, toutes ces provisions, moins chères qu’au bazar, venaient d’Imérimatidzâk. Les communs, derrière la maison, servaient de caravansérail, les jours de fête ou de marché, à des familles entières. Parfois elles s’éternisaient sous prétexte de réparations à la case, d’un trou à boucher dans le toit, de soins à donner au jardin, ou même sans aucun motif.

Le dimanche, ils venaient par dix ou quinze, parents éloignés d’autres villages, accompagnés d’amis, en véritables exodes de campagnards curieux de la capitale. C’étaient alors des visites cérémonieuses. On partageait son temps entre les consanguins habitant Tananarive et la maison du vazâha. La ramatou avait fait comprendre qu’on ne pouvait guère ne pas héberger les arrivants, le matin au moins, pour les remercier de leur visite. Oh ! un simple repas malgache, à peu de frais : du riz et des brèdes, avec quelques poulets ou un quartier de porc. D’ailleurs ils ne manquaient point d’apporter les présents d’usage en échange de l’hospitalité attendue : quatre œufs dans un bol de terre rouge, ou deux ananas dans une petite corbeille tressée en pailles de diverses couleurs. La maison était pleine de ces corbeilles, et Razane, en manière de jeu, les rangeait les unes